Verbatim, diatim
C’est toujours au matin,
À cahier ouvert,
Que l’esprit mutin
Offre les plus beaux vers.
Quel matinal festin !
D’un trait, à l’envi,
Les mots sûrs de leur destin
Tracent une ligne de vie.
Je suis Prométhée !
Pour écrire le verbe beau,
Je porte le flambeau
De l’amour de l’humanité.
À midi, je suis moins fier.
Le soleil pavoise,
Mais l’inspiration sournoise
Me prive de sa lumière.
Puis vient le soir.
Ce puits sans fond
Happe mon espoir,
Enraye mon crayon.
Entre chien et loup,
Prosaïque, indécis.
Le clair-obscur joue
À feindre un sursis.
Je hais les nuits.
L’insomnie déchire mes écrits,
Seul l’ennui
Pleure mon manuscrit.
À l’aube, je renais, littéral,
Prolifique,
Amnésique,
Ignorant l’abîme vespéral.