Les vœux du poète - Des mots qui font sens - Diptyque
J’aurais tant aimé vous dire toutes les fleurs
Mettre en poème le parfum de ces beautés
Que viennent à votre nez mille et une senteurs
L’essence des mots en fragrances retrouvées
J’aurais voulu vous jouer le chant de la source
Glissant sur les galets comme à saute-vallon
Que coule à votre oreille le son de sa course
La plume pour archet et moi premier violon
J’aurais voulu vous peindre les sept couleurs
De la palette à la toile combien d’écueils
Par petites touches, mot à mot, je me leurre
Hélas, le crayon ne fait que noircir la feuille
J’aurais tant voulu pour le miel et les épices
Puiser dans les pots douceurs et arômes forts
Il faut pour porter à vos lèvres ces délices
Troquer l’encrier contre de telles amphores
J’aurais tant voulu vous dire tous les amours
Ne rien taire du plus suave des moments
À l’abri des alcôves se méfiant du jour
Je ferme mon cahier pour cacher les amants
Je voudrais tant dire encore la brise légère
Lorsque tu souffles à mon oreille le huis clos
Cette musique-là ne m’est pas étrangère
Car elle résonne de volupté en écho
Comment dire à l’instant la couleur de tes joues
De rose tu te donnes à rouge tu me veux
Ni carmin ni bonbon le peintre devient fou
À saisir les nuances entre ces deux aveux
Je voudrais dire alors ton parfum dans le cou
La force de l’effluve sur mes émotions
À chaque fois c’est sûr tu réussis ton coup
Tu trames et tu enivres avec cette potion
Oserai-je dire le plus doux des calices
Au milieu du désert j’ignore l’oasis
Car je connais une source aux mille délices
Lorsque je viens boire à ta bouche par malice
Je voudrais tant dire enfin ta peau sur la mienne
Et dans le silence de nos corps apaisés
Dans la douce lumière et l’ombre des persiennes
Porter à ta lèvre la main et le baiser