La girafe et les bousiers
La girafe du haut de sa grandeur
Se vante de prendre de la hauteur.
Confondant les nuages et son aura,
Elle nous dit qui vivra perché verra.
Baromètre pour titre de noblesse,
Sa météo est faite de promesses.
Tenir son rang est du plus bel effet
Si l’on dit de quoi demain sera fait.
La condescendance est comme la pluie,
Elle vient d’en haut, elle douche nos esprits,
Elle se déverse en conseils et devises
Sur ceux qui guettent le temps des cerises.
Au ras du sol, bien loin des hautes sphères,
La multitude vaque à ses affaires.
Le quotidien nourrit les roturiers,
Rien ne vient tournebouler les bousiers.
Notre perche, quand le ciel se dégage,
Voit, la première, la fin de l’orage.
Mais l’exil du nuage qui gronda
Ne dit rien de la terre qu’il inonda.
La canopée s’abreuve de soleil,
Promet aux racines cette merveille.
La girafe est ivre de son halo,
Les bousiers écopent les pieds dans l’eau.