Trame amoureuse
Chaque matin, dans le miroir de ta coiffeuse,
La lune, gardienne de nos rêves, m’exauce.
Tes mains aux cheveux, en volutes de danseuse,
Lèvent le rideau sur un jeu de floreos.
On pourrait croire que ces spires s’improvisent,
Pourtant, voyez l’adresse de ma bayadère,
Pliés, arabesques et ronds de doigt sont de mise
Pour mieux entrelacer le maquis capillaire.
Les mains s’affairent et ton buste s’immobilise.
Le visage serti par tes bras en triangle
Pose comme sur un médaillon sans incise,
À peine rosi par cet effort qui l’étrangle.
Tes deux ailes pour fronton en forme de rhombe
Supportent notre amour ma belle caryatide !
Chaque jour, je crois voir s’envoler la colombe,
Je ne me lasse pas de cette éphéméride.
Dépourvu d’inquiétude propre à la bleusaille,
Je sais le sort de cet écheveau disparate.
Je connais déjà l’issue de cette bataille,
Les deux mains triomphent pour tisser une natte.
Emerveillé par la longueur de cette tresse,
Je saute et m’agrippe à la corde de Raiponce.
Me laisseras-tu entrer dans la forteresse ?
D’un rire léger tu me laisses sans réponse.
Que dois-je à la lune de vivre ce bonheur ?
Profitant de ta chevelure à marée basse
Et de tes mains prisonnières de leur labeur,
À revers, j’enceins ma captive, je t’enlace.
Au duvet de ton cou une douce rosée,
Mes lèvres sur l’estran, je viens boire à ta nuque,
Ce satin mordoré s’embrase d’un baiser
À voler un frisson, à réveiller l’eunuque.