A la porte

Il y a des jours où toute votre vie défile à la porte,

Je n'ai pas ouvert, j'ai manqué de courage.

Chaque personne qui frappe est en quelque sorte,

Un beau souvenir ou un mauvais présage.

Leur venue n'est pas restée lettre morte,

Chacune d'elle à sa manière a laissé un message.

 

A l'aurore, trois coups secs et plein d'autorité

Sonnent l'hallali comme une dernière chance.

Un représentant du bon droit et de la société

Tonne qu'il vient recouvrir une créance.

 

           Midi, quatre coups rapides, une main impatiente,            

L'amour n'attend pas, la fièvre monte, belle maladie.

Je devrais être au chevet de la patiente,

Je fais semblant de dormir, pâle comédie.

 

En pleine sieste, un coup violent, le poing ou l'épaule,

Derrière chaque femme, un mari jaloux.

Bien décidé à ne pas jouer les seconds rôles,

Il s'est armé de violence pour dénicher le loup.

 

Peut-être dans mon rêve, un coup feutré, une caresse,

Le toucher d'un baiser, le murmure des frous-frous.

De sa main ganté, une ancienne maîtresse,

Les joues déjà rosies, supplie un rendez-vous.

 

Me tirant du sommeil, une pluie de coups, une pétarade,

Le feu d'artifice d'un compagnon de boisson.

En chemin, il a ruminé une longue tirade,

Un hymne à l'amitié et au vin qui se chante à l'unisson.

 

Trois billets en poche, je sors, la voie est libre.

La nuit se lève, avec elle la femme du boulanger.

Le cœur en bandoulière comme gros calibre

Je sors de mon lit, ce n'est pas sans danger.

 

Il y a des jours où toute votre vie défile  à la porte,

Je n'ai pas ouvert, j'ai manqué de courage.

Chaque personne qui frappe est en quelque sorte,

Un beau souvenir ou un mauvais présage.

Leur venue n'est pas restée lettre morte,

Je l'ai signée de mon silence en guise de message.