Jeune femme devant une fenêtre

Jeune femme a la fenetre

 

 


Jeune femme a la fenetre2Henri Gervex (1852-1929), Jeune femme debout, vue de dos, devant une fenêtre, gouache et aquarelle sur papier, Musée du Louvre

La jeune femme écarte les rideaux,

Ils étaient donc fermés,

Nous ne la voyons que de dos

Mais nous la sentons alarmée.

Elle cherche du regard

Ce qui pourrait la blâmer,

Est-il déjà trop tard

Pour sauver ce qu’elle a aimé ?

 

La lumière n’est pas celle du réveil,

Voilà de quoi nous questionner !

Et ces effets sur le ployant vert bouteille ?

Voilà de quoi notre suspicion est née !

Elle est nue sous un voile de dentelle,

S’est-elle offerte à quelque coquin

Soutirant baisers et bagatelle

Dans le secret d’un baldaquin ?

 

A qui ce haut de forme en feutre ?

Est-il déjà sur le départ ?

A-t-il les épaules du fuyard

Et le regard du pleutre ?

La canne et la paire de gants

Sèment cependant le doute,

Peut-être n’est-il pas de ces manants

Qui tournent les talons et refusent la joute.

 

Honni soit qui mal y pense

Quelle inquisition ! Changez votre regard !

On peut conter mille autres histoires,

Une seule suffit à réviser votre sentence !

 

Que reprocher à cette jeune impatiente

Qui au bout d’une trop longue attente

A bondi à la fenêtre pour lever le mystère,

Ce chapeau, cette voix, le retour de son père ?

 

Que reprocher à cette jeune mariée

Qui au lendemain du jour de noce

Voit son époux, heureux comme un gosse,

Lui cueillir un brin de laurier ?

 

Que reprocher à cette jeune pousse

Qui dans la tiède lumière du printemps

Cherche à prolonger encore un instant

Le bonheur susurré par le prince à sa douce ?

 

J’ai posé mes gants, ma canne et mon chapeau,

Elle jette un dernier regard avant de fermer les rideaux…